Delmas-Vieljeux

C’est avec l’arrivée d’Emile Delmas à La Rochelle au lendemain de la guerre de 1870-1871 que la société Delmas Frères se tourne vers les charbonnages et devient armateur de « tramping » spécialisé dans les charbons anglais.

De l’anglais tramp, vagabondage, le tramping désigne les cargos qui vont chercher leur fret de port en port. La société amorce ce trafic avec les vapeurs Alsace-Lorraine, Galilée et Rochefort qu’elle fait construire entre 1873 et 1877. Ces navires partent régulièrement pour Cardiff et reviennent chargés de charbon du pays de Galles pour les ports de La Rochelle et de Rochefort.

Dans la décennie suivante, plusieurs steamers sont mis en service pour assurer le transport des minerais, notamment une série de quatre vapeurs commandés auprès de chantiers anglais : le Saintonge, le Guyenne, le Biscaye et l’Aquitaine. En 1911, la compagnie rachète la filiale française de Guéret and Co,charbonnier gallois et prend en gérance cinq navires. Mais la Première Guerre mondiale se profile et va fortement perturber le trafic charbonnier.

Dans les années 1870, les Delmas approvisionnent régulièrement en charbon l’usine rochelaise de Paul Millouain jusqu’au jour où cette Maison impose à Delmas Frères une baisse importante des taux de fret. Cette situation les incite à créer en 1880 leur propre usine d’agglomérés dans le quartier de la Ville en bois. Le marché des briquettes prend, à cette époque de révolution des transports et de développement industriel, un essor formidable. L’usine de la Ville en bois emploie très vite 75 hommes, puis à l’aube du

XXe siècle, ce sont près de 180 ouvriers qui travaillent aux charbonnages Delmas. Des établissements charbonniers voient aussi le jour à Rochefort ou encore aux Sables d’Olonne. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la compagnie dispose à La Rochelle de deux usines à « briquettes » et de deux usines à « boulets » dont la capacité de stockage est de 40 000 tonnes de charbon non travaillé ; à Rochefort, la capacité de stockage atteint 20 000 tonnes.

Dans les années 1920, la compagnie occupe dans l’Ouest de la France la première place dans l’industrie et le commerce du charbon. Elle devient le premier importateur en France des anthracites du Pays de Galles et le premier producteur des agglomérés du littoral. Des usines de concassage de charbon se développent parallèlement à Nantes

et Rouen. A partir de 1928, l’exploitation des installations charbonnières est réalisée dans le cadre d’une association en participation groupant la plupart des maisons charbonnières portuaires, de Dieppe à Rochefort. La société de houilles, Delmas-Vieljeux, Graigola dispose d’usines, mais aussi de dépôts et agences dans tout l’Ouest de la France. Du côté de la flotte, la compagnie achète en 1927 quatre nouveaux navires pour le tramping charbonnier et deux ans plus tard, ce sont 17 navires de la compagnie des

chemins de fer Paris-Orléans qui sont incorporés. Mais la crise économique des années 1930 est particulièrement dommageable pour la compagnie qui est contrainte de désarmer de nombreux navires ou en affecter certains au trafic américain, sans compter que le charbon est contingenté.

La compagnie crée le 1er janvier 1943 la société de combustibles Delmas-Vieljeux (SCDV), héritière du département « charbon » de Delmas Frères. L’après-guerre est difficile notamment en raison de la perte d’une partie de la flotte charbonnière. La part du charbon diminue bientôt au profit d’autres sources d’énergie et la SCDV adopte une politique plus réaliste et adjoint au négoce traditionnel des charbons la vente de gaz et de fuel dans la plupart des régions où elle est déjà implantée. En 1951, elle oriente ses activités vers la distribution des produits pétroliers et crée deux ans plus tard la société des pétroles Delmas-Vieljeux (SPDV) qui assure dans le Sud-Ouest de la France cette distribution sous la marque Total. La compagnie achète alors ou fait construire des tankers ; un pétrolier l’Iliade entre en service en 1952, suivi deux ans plus tard par le Phénix,

un pétrolier construit à Saint-Nazaire. Ces deux navires assurent des transports de produits pétroliers, principalement du Proche-Orient et du Golfe Persique sur la France. La SNDV se retire des activités de transports pétroliers en 1965.

A la veille des années 1950, de nombreuses usines charbonnières sont toujours exploitées directement ou en association par la compagnie. Pour faciliter leur écoulement vers l’intérieur du pays, celleci dispose de tout un réseau de chantiers charbonniers reliés au rail à Angers, Tours, Châtellerault, Poitiers, Niort, Angoulême, Limoges… Mais peu à peu, l’activité charbonnière régresse. L’usine de la Ville en Bois à La Rochelle, qui emploie encore environ 100 personnes en 1960, voit son tonnage de charbon traité s’abaisser en moyenne de 15 % par an. En 1968, la fabrication des boulets est reportée sur Rochefort et l’usine ferme ses portes au printemps 1971, tandis que l’usine de Rochefort cesse son activité en 1982, après plus d’un siècle d’existence.

Le charbon sera longtemps le coeur de métier de la Delmas, aussi bien sur mer que sur terre. Briquettes et boulets laissent peu à peu place au transport de nouvelles sources d’énergie.

(Source : https://exposition-delmas.larochelle.fr/index.html%3Fp=409.html)

 

En 1985, la société porte un nouveau nom Société Navale et Commerciale Delmas-Vieljeux, mais en 1991 Vincent Bolloré prend le contrôle de la société. Il met en minorité Tristan Vieljeux qui quitte la direction de la Compagnie.

En septembre 2005, le groupe Bolloré vend la compagnie Delmas pour 600 millions d'euros à la CMA-CGM. En janvier 2006, la compagnie est intégrée à ce groupe, 3e mondial du transport de conteneurs.

 

 

Thème Transports maritimes
Marque vue 253 fois - Créée le 26 Novembre 2021 - Modifiée le 17 Mars 2024 Retour
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