Grenier Photo
Domaine
Commerce/industrieThèmes
Appareils photo.PhotographieAnnée de création
1910
« Mon arrière-grand-père, Georges Grenier, a fondé le Grenier Photo en 1910 », raconte Béatrice Lagache Robert, actuelle gérante du commerce. Diplômé de l’école d’optique à Morbier, il déménage à Brest et ouvre son magasin d’optique rue Émile-Zola. » Et 112 ans plus tard, le Grenier Photo vend toujours du matériel de photographie. Devenu une institution à Brest, le commerce se transmet de génération en génération.
Avec l’arrivée de la photographie dans les années 1920, l’offre du commerce se diversifie. En 1932 , Robert Grenier, fils de Georges Grenier, reprend l’affaire . Il ouvre un laboratoire en plus de son activité d’optique au 55, rue de Siam.
Entre-temps, la ville est détruite par la guerre et les magasins Grenier doivent être reconstruits. Le temps de la reconstruction, Robert Grenier installe ses magasins dans des baraques.
Dans les années 1950, la photographie se démocratise. « Pendant longtemps les clients ne nous disaient pas “Je veux un appareil photo” mais “je veux un Kodak” », se souvient la gérante.
Adolescente, elle passait déjà son temps libre au Grenier. « Mon grand-père, passionné de modèles réduits, passait ses nuits à décorer les vitrines. Encore aujourd’hui, les clients des années 1940-1950 me parlent des maquettes de trains qui y figuraient. »
Robert Grenier décède en 1970. Son gendre, originaire du nord de la France, Pierre Lagache reprend la boutique. Il devra gérer plusieurs imprévus.
En 1983, un incendie se déclare au magasin. Une machine de développement de diapositives prend feu, entre 12 h et 14 h, alors que tout le monde est parti déjeuner. « Je me souviens encore de l’odeur de la fumée », raconte Béatrice Lagache Robert, marquée par l’événement.
Le magasin rouvre le surlendemain de l’incendie et la vente se fait dans l’ancien laboratoire noir et blanc, à l’arrière de la boutique.
L’arrivée du numérique dans les années 2000 bouleverse le monde de la photographie. Au fur et à mesure, les films à développer se font rares. L’activité du laboratoire de façonnage est en déclin.
« L’arrivée du numérique a balayé les photographes, explique la gérante. Il a fallu s’adapter, et vite, face à une concurrence acharnée. » Si le matériel de photographie a évolué, l’activité du Grenier Photo n’a pas changé : « On vend toujours du matériel photo, seulement ce n’est plus le même qu’il y a vingt ans. »
La deuxième évolution majeure est l’arrivée d’internet. « Nos marges sur nos produits sont limitées à 8 ou 10 % car la concurrence est plus rude depuis l’émergence de la vente en ligne », indique Béatrice Lagache Robert.
Mais, selon elle, « amateurs avertis ou professionnels, la clientèle de Grenier Photo recherche la proximité ».
Un des produits qui rencontre le plus de succès aujourd’hui, selon les gérants, est l’appareil photo hybride. « C’est un bijou technologique facile à prendre en main. Même la vidéo est qualitative avec un rendu cinéma », assure Denis Robert.
Béatrice Lagache Robert souligne toutefois un paradoxe : « Alors qu’il existe aujourd’hui du matériel de pointe, avec des millions de pixels livrant des photos très qualitatives, depuis six ans, l’argentique fait son grand retour. »
À la différence de la photographie numérique, la photographie argentique a un grain, un effet vintage qui rend une photo plus « léchée ».
Un phénomène qui impacte les ventes : « On a recommencé à vendre des pellicules. Depuis le confinement lié au Covid, ça a explosé. Notre machine, d’une vingtaine d’années, refait du développement argentique. C’était inattendu. »
(Source Ouest-France)