La laiterie de Steenvoorde a vu le jour en 1911. A l'époque, Rémy Goetgheluck, 28 ans, fils de cultivateurs, fonda une coopérative laitière avec une dizaine de fermiers du canton, parmi lesquels Ignace Malésys, agriculteur à Eecke. Ses petits-enfants, Christine Wyckaert, employée chez Danone à Bailleul, et Hubert Bogaert, qui se passionne pour l'histoire de la laiterie, ont retracé l'histoire de la laiterie, qui s'appelait à l'époque, les Fermiers réunis des Flandres. « Ce fut un événement à Steenvoorde car c'était la première usine qui se construisit dans la campagne flamande » décrivent Hubert Bogaert et Christine Asseman. A force de ténacité, les Fermiers Réunis finirent par réussir leur pari : transformer leur lait en beurre ! Puis, une autre idée fut lancée : « pourquoi jeter le petit lait alors qu'on pourrait faire du fromage ? » Un atelier de fromage fut construit à la laiterie, et l'aventure commença : le beurre de Steenvoorde et les fromages, de type mimolette, aux marques régionales Moulin des Flandres, Fleur de Houblon, Flamand d'or et Mont noir commencèrent à s'imposer dans la région et au-delà.

Au lendemain de la première guerre mondiale, Rémy Goetgheluck décida d'étendre la coopérative et rassembla plus de 60 producteurs de lait. La coopérative devient une société anonyme. Très vite la production de la laiterie de Steenvoorde s'avèra insuffisante. Les moyens de locomotions de l'époque (attelages de chevaux et mulets) ne permettaient pas d'aller très loin pour augmenter la collecte de lait. Les Fermiers Réunis décidèrent la construction d'une deuxième laiterie à Bailleul en 1925. Ils disposaient ainsi d'une seconde zone de collecte de lait pour la fabrication de beurre et fromage.

En 1929, après le krach boursier, les producteurs laitiers s'inquiètent pour l'avenir de « leur » laiterie. Rémy Goetgheluck racheta alors un bon nombre de leurs actions qu'il céda en 1950 à ses trois fils Jacques, Jean et Rémi.

Après la seconde guerre mondiale, les premières bouteilles de lait en verre sont distribuées sous la marque « Steenvoorde », « avec deux E et deux O », comme le spécifiait une campagne publicitaire. En 1949, la fabrication du yaourt est lancée à la laiterie de Bailleul, la laiterie de Steenvoorde se spécialisant dans la production du beurre et du fromage. Mais pour augmenter la production, il faut également augmenter la quantité de lait à ramasser. Une prospection intensive est menée auprès des producteurs laitiers : un ramassage d'oeufs est même organisé pour inciter les producteurs à livrer par la même occasion leur lait !

En 1965, la laiterie s'équipa d'une station de séchage de lait pour fabriquer de la poudre de lait afin de pallier aux fluctuations de la collecte de lait.

C'est aussi en 1965 que la société Fermiers Réunis des Flandres prit le nom de Stenval qui est un nom « plus court à prononcer, donc plus facile à retenir » selon le service marketing de l'époque. Mais la consonnance régionale disparaît. Deux ans plus tard, Stenval devient une filiale de Gervais/Danone, les frères Goetgheluck ayant revendu 66% des actions de la société. En 1970, les directions commerciale, financière et marketing quittèrent le siège social de Steenvoorde pour s'installer dans la région parisienne à St Cloud. Une vingtaine de dépôts se créeront en France et trois en Belgique pour faire de la marque Stenval une marque nationale et internationale. Les frères Goetgheluck quitteront leur ancienne laiterie quelque temps plus tard. En 1973, les groupes Gervais /Danone et BSN fusionnent et prennent la raison sociale Danone. Gallia, une société appartenant à BSN, plus connue par sa marque Blédina, fabrique du lait et de l'alimentation infantile. L'usine de Steenvoorde possèdait un laboratoire performant et la fabrication du fromage procurait un ingrédient indispensable à la composition de la poudre de lait infantile : une nouvelle aventure pouvait commencer avec Blédina.