Shell
Les origines (avant 1907)
Le nom (« coquillage » en anglais) et le logo Shell sont étroitement liés aux origines de la compagnie Shell Transport and Trading Company, fondée à Londres en 1833 par le père de Marcus Samuel (en), à l'origine une société d'import-export baptisée M. Samuel & Co. : elle importait en effet des antiquités, des bibelots dont des coquillages orientaux destinés à fabriquer de petites boîtes décoratives, en vogue à l'époque victorienne. Quand Marcus Samuel (père) meurt en 1870, ses fils Marcus Samuel (fils) et Sam (en), encore adolescents, sont appelés à prendre la succession. Le commerce entre la Grande-Bretagne, le Japon et l'Extrême-Orient poursuit son développement ; ainsi les deux frères fondent chacun une société dans laquelle ils s'associent mutuellement ; la société de Marcus s'appelle naturellement Marcus Samuel & Co., son siège est à Londres ; celle de Sam s'appelle selon le même principe Samuel Samuel & Co. et son siège est au Japon. Ils exportent des machines, des tissus, des outils tous fabriqués en Grande-Bretagne, pays à l'origine de l'industrialisation, et importent vers le Moyen-Orient et l'Europe des matières premières ou des aliments « exotiques » : du riz, de la soie, de la porcelaine, des ustensiles en cuivre ; ils importent aussi à Londres, en provenance du monde entier, du sucre, de la farine, du blé.
Dès la fin des années 1880, sous l'impulsion de Frederick Lane, un homme d'affaires jouant le rôle d'intermédiaire entre les frères Samuel et la branche parisienne de la famille Rothschild, laquelle a des intérêts dans la production de pétrole dans le Caucase russe, ils s'intéressent au commerce du pétrole, qu'ils vendent en Extrême-Orient rompant ainsi le monopole de la Standard Oil de Rockfeller.
En 1890, ils font construire le premier bateau pétrolier au monde, le Murex, lequel livre en 1892 près de 4 000 tonnes de kérosène du Caucase russe à Singapour et Bangkok, en étant autorisé à passer par le canal de Suez, ce qui permet de réduire considérablement les coûts d'exportation de ce pétrole. Une flotte de huit pétroliers en tout est commandée.
La société qui assure ces transports de produits pétroliers ainsi que leur stockage dans les ports est d'abord baptisée Tank Syndicate ; en 1897, Marcus Samuel rassemble ses sociétés et a l'idée de renommer la nouvelle entité Shell Transport and Trading Company, eu égard à l'une de ses activités historiques d'importation de coquillages décoratifs.
À l'approche de la fin de son contrat d'approvisionnement dans le Caucase, Shell Transport tente d'obtenir un nouveau contrat d'approvisionnement à Bornéo (Indonésie actuelle) où du pétrole a été découvert en 1898. Par ailleurs, Marcus Samuel entrevoit un nouveau débouché pour les produits pétroliers en tant que carburant pour les navires.
De son côté, la société Royal Dutch Petroleum Company est fondée à La Haye en 1890 par J.B. August Kessler (en), citoyen des Pays-Bas, pour exploiter une concession d'exploration pétrolière à Sumatra dans les Indes néerlandaises (Indonésie actuelle). Ce nom est choisi car cette société a l'appui de la maison royale des Pays-Bas, dont le roi Guillaume III, lequel meurt dans l'année, laissant place à une régence ; pour mémoire, le nom néerlandais de la société est Koninklijke Nederlandsche Petroleum Maatschappij. Au cours de la décennie 1890, Kessler se démène pour faire fonctionner cette société dont les activités sont « à l'autre bout du monde » et dans un climat tropical difficile ; l'ensemble est très éprouvant pour la santé de cet entrepreneur très actif. Il recrute Henri Deterding en 1896 pour la partie commerciale et financière et Hugo Loudon (nl) pour la partie technique.
Probablement victime de son surmenage, Kessler meurt brutalement fin 1900 à Naples, lors d'un voyage de retour d'Indonésie. Deterding prend sa succession.
Shell Transport et Royal Dutch sont ainsi en concurrence dans la zone indonésienne.
Pour lutter contre leur concurrent commun américain — la Standard Oil — et après de longs pourparlers et une première tentative, toujours par l'entremise de Frederick Lane, les deux sociétés — la britannique Shell Transport and Trading Company et la néerlandaise Royal Dutch Petroleum Company — décident de fusionner leurs activités en 1907 pour former le Groupe Royal Dutch / Shell, dont le nom commercial est Shell. Les lois de l'époque ne goûtant guère le concept d'entités transnationales, les deux compagnies gardent leurs deux identités distinctes : les actions Royal Dutch sont cotées à la bourse d'Amsterdam tandis que celles de Shell Transport le sont au London Stock Exchange. Le Groupe a la particularité d'avoir son quartier général établi à la fois à Londres et à La Haye. Deux conseils d'administration sont également présents dans les deux sièges sociaux, ce qui pose certains problèmes de coordination et d'indépendance de l'un par rapport à l'autre. La compagnie fonctionne par le biais d'un certain nombre d'accords d'actionnariat croisé. Royal Dutch possède 60 % du Groupe et Shell Transport le solde, soit 40%. Préoccupé par ses activités publiques — il est notamment Lord-maire de Londres en 1902 — et les honneurs, Marcus Samuel est au départ le Président de l'ensemble et Deterding assure les fonctions de direction générale. Ce dernier devient ainsi dirigeant de fait du Groupe.
 
Jusqu'à la 2de Guerre Mondiale
Le Groupe Royal Dutch / Shell se développe régulièrement pendant la 1re moitié du XXe siècle, notamment grâce à la direction efficace de Henri Deterding, surnommé le « Napoléon du pétrole », ce sur une durée de 29 ans jusqu'en 1936 — il meurt trois ans plus tard. Néanmoins, Deterding ayant eu en troisièmes noces une épouse soupçonnée de sympathie nazie, ce qui l'influença lui-même ainsi que la crainte du bolchevisme, et le Groupe ayant continué à approvisionner l'Allemagne pendant le second conflit mondial, Royal Dutch / Shell décide à l'issue de ce conflit (en 1946) de se doter d'un collège de dirigeants composé de sept directeurs généraux, en lieu et place d'un directeur général unique. Ces dirigeants sont communément appelés les managing directors du Groupe. Ils sont présents dans l'un ou l'autre des conseils d'administration des sociétés cotées. Ce mode de direction est censé devoir protéger le Groupe d'influences trop personnelles.
Shell a perdu une part significative de ses immobilisations au cours du conflit : une très grande partie de ses installations en Europe de l’Est et en Allemagne, l'accès au pétrole de Roumanie et quatre-vingt-sept navires qui avaient été mis à la disposition du gouvernement britannique, lesquels ont été coulés au cours de la bataille de l'Atlantique.
 
Après la 2de Guerre Mondiale
Le Groupe Royal Dutch / Shell ne cesse de se développer pendant la 2de moitié du XXe siècle, dans la plupart des pays de la planète, au point de devenir une des premières sociétés mondiales.
Dans les années 1970, à la suite de la fermeture du Canal de Suez, avant les deux crises pétrolières de 1973 et 1978, Shell et la Compagnie nationale de navigation — à l’époque filiale de transport maritime du groupe Elf11 — commandent chacun deux pétroliers géants construits aux Chantiers de l'Atlantique de Saint-Nazaire. Ces quatre plus grands pétroliers du monde jamais construits — pour Shell : le Batillus et le Bellamya ; pour Elf : le Prairial et le Pierre Guillaumat —, de 550 000 tonnes de port en lourd chacun, sont livrés entre 1976 et 1979. Ces pétroliers se révèlent rapidement "surdimensionnés" et, moins de dix ans après leur mise en service, en 1985 et 1986, Shell démantèle le Batillus et le Bellamya.
 
Les années 2000
Lors de la polémique des années 2000 sur les stock-options, Shell est la première société britannique importante à renoncer à ce mode de rémunération.
Ce n'est qu'en octobre 2004 que le Groupe annonce vouloir se regrouper sous une seule structure dénommée Royal Dutch Shell plc., cotée principalement à la Bourse de Londres mais dont le siège administratif et financier est aux Pays-Bas. La structure dirigeante de la nouvelle entité a alors repris une structure plus classique.
En avril 2015, Shell annonce le lancement d'une offre d'acquisition sur BG Group pour 47 milliards de livres, payable en partie en actions Shell et en partie en liquidités.
En juillet 2015, Morgan Stanley vend ses activités de commerce (« trading ») de gaz naturel et d'énergie en Europe à Shell, pour un montant indéterminé En parallèle, Shell annonce la suppression de 6 500 postes, liée au faible prix du pétrole brut. Au même moment, Shell vend une participation de 33,2 % dans le raffineur japonais Showa Shell Sekiyu (en) à Idemitsu Kosan pour l'équivalent de 1,4 milliard de dollars. En octobre 2015, Shell annonce une perte de 6,8 milliards d'euros, soit 7,4 milliards de dollars, pour le troisième trimestre de l’année 2015, liée à des charges de 8,2 milliards de dollars consécutives à l'abandon de certains projets en Alaska et en Alberta.
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Marque vue 2124 fois - Créée le 01 Fevrier 2016 - Modifiée le 17 Avril 2024 Retour
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